Chers diocésains,
Le Président de la République a annoncé hier le reconfinement du pays à cause de l’augmentation massive des contaminations liées à l’épidémie de COVID-19. Cette situation peut provoquer en nous lassitude et crainte. Lassitude liée à un sentiment de retour en arrière, une incapacité à sortir de cette période anxiogène et contraignante. Crainte car nombre d’entre nous sont inquiets pour leur santé ou celle de leurs proches. D’autres savent aussi que ce nouveau confinement risque d’être extrêmement difficile pour l’activité économique et par conséquent pour les emplois.
À partir du 2 novembre, nous ne pourrons célébrer les messes publiquement. Je sais combien la période du confinement du printemps dernier avait été éprouvante pour votre foi : impossibilité de recevoir l’Eucharistie, impossibilité de se rassembler dans vos paroisses, sentiment que la dimension spirituelle, propre à chaque être humain, ne pouvait être pleinement honorée…
Dimanche prochain, nous aurons la possibilité de nous rassembler une dernière fois dans nos paroisses pour fêter la Toussaint. Cette fête nous manifeste un horizon commun dans une période où des tentations individualistes pourraient s’imposer. Cet horizon est celui de la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés. Et le lieu concret où s’exerce aujourd’hui cet appel, c’est le monde dans lequel nous vivons. Le Concile Vatican II insiste sur cet appel universel à la sainteté et affirme « dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions d’existence » (Lumen Gentium 40).
Appelés à la sainteté, promouvoir plus d’humanité, voilà ce en quoi consiste la fraternité. Le Pape François dans son encyclique Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale écrit : « Je forme le voeu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : « Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! […] Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble ». [Discours lors de la rencontre oecuménique et interreligieuse avec les jeunes, Skopje - Macédoine du Nord – 7 mai 2019] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères » (FT 8).
Comme lors du premier confinement, les paroisses, le diocèse seront présents pour vous accompagner. Ils essaieront d’être cette « communauté qui soutient et qui aide ». Ainsi le diocèse retransmettra à partir du lundi 2 novembre du lundi au vendredi les messes à 12h en direct de la maison diocésaine Saint-Paul. Vous pourrez ainsi vous joindre à la prière de l’Église, soit sur le site internet du diocèse, la page Facebook ou RCF Allier. Les dimanches, les messes seront retransmises à 10h30 en direct du Carmel de Moulins de la même manière.
Je vous invite aussi à vivre les petites liturgies domestiques qui vous seront proposées chaque dimanche à partir du 8 novembre. En période singulière, c’est la petite Église qu’est la famille (l’Église domestique) qui peut apparaître comme un roc : c’est elle qui « manifestera à tous les hommes la présence vivante du Sauveur dans le monde et la véritable nature de l’Église » (Gaudium et Spes n°48§4).
N’hésitez pas non plus à aller prendre le temps de prier quelques instants dans les églises de notre diocèse qui resteront ouvertes pendant cette période de confinement. Elles sont ces lieux, qui, même si nous ne pouvons plus nous y rassembler, manifestent la dimension sacramentelle et ecclésiale de la vie chrétienne.
Au reconfinement vient s’agréger une actualité dramatique avec l’attentat qui a eu lieu ce matin dans une église de Nice. « La violence de l’homme sur l’homme est en contradiction avec toute religion digne de ce nom » avait rappelé le pape François à la synagogue de Rome en janvier 2016. Nous porterons tout particulièrement les victimes dans notre prière ce dimanche et nous demanderons à Dieu que se lèvent des « artisans de paix ». Et plus encore nous demanderons au Seigneur de pouvoir être ces artisans de paix qui unissent au lieu de diviser, qui étouffent la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvrent des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs (cf. FT 284).
Aux chrétiens d’Ephèse, l’Apôtre Paul, alors « confiné » en prison écrivait : « Moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Eph 4,1-3). Puissions-nous garder le lien de l’unité et de la paix en ces quelques semaines, confiants en ce Dieu qui nous conduit et prend soin de nous.
Je redis à chacun de vous ma prière.
P. Jean-Philippe MORIN +
Administrateur diocésain
