Lire les signes des temps
Après avoir souligné, pour l’Eglise, « le devoir de scruter à tout moment les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’ Evangile, la Constitution GAUDIUM ET SPES affirme que «mû par la Foi et se sachant conduit par l’Esprit du Seigneur qui remplit l’univers, le peuple de Dieu s’efforce de discerner dans les événements, les exigences et les requêtes de notre temps, auxquels il participe avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu. » (1)

C’est dans cette ligne que notre Evêque nous délivrait ces messages pour Pâques : « Nous devons faire mémoire des moments forts, parfois douloureux de notre vie, où nous avons refusé de nous laisser abattre par la fatalité, où nous nous sommes battus pour remonter la pente… Nous sommes invités à l’Espérance. Comme il est d’actualité cet appel de Saint Jean Paul II lors de son élection : N’AYEZ PAS PEUR ! … Sans occulter les drames humains qui se déroulent en ces jours, avec grand respect pour ceux qui souffrent, ne renonçons pas à témoigner de tous les signes de Résurrection qui viennent contredire tous les prophètes de malheur ! Accueillons une réalité que nous n’avons pas choisie et qui vient bousculer l’équilibre de notre vie, pour un plus grand bien, pour que le monde sorte vainqueur d’une pandémie qui menace la vie humaine. Croyons que dans les efforts déployés, dans les gestes de fraternité vécus au quotidien dans la simplicité de la proximité, s’exprime ce qu’il y a de plus beau en l’homme ! » (2)
Comment dire notre reconnaissance aux scientifiques qui partagent avec humilité la complexité de leur savoir ; aux médias qui acceptent de prendre les vérités du moment pour ce qu’elles sont ; aux contributeurs aux réseaux sociaux qui organisent l’entraide au lieu d’amplifier l’angoisse ; aux politiques qui ont le courage de faire passer les besoins de la population avant les exigences du marché ; aux personnels soignants, employés des supermarchés, agents d’entretien, transporteurs, forces de l’ordre, jeunes volontaires, personnels des EHPAD, chefs d’entreprises, initiateurs de cagnottes en lignes, aux enseignants, aux parents … ?

Mgr Percerou a tenu à rendre un hommage particulier aux agriculteurs de l’Allier : « Vous avez su vous mobiliser pour que la chaîne de l’alimentation ne soit pas interrompue … A nous d’être à vos côtés en ayant soin de privilégier vos productions locales. »(2)
Une contagion solidaire, certes … Pourvu que ça dure ! Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique, nous appelle quant à elle, à «nous mettre en ordre de bataille pour soutenir les populations marginales et les associations qui ont besoin d’être accompagnées … Nos destins sont intiment liés. Chacun chez soi ne veut pas dire chacun pour soi ! … L’heure est venue de promouvoir une révolution fraternelle ! »
Dans ses chroniques, notre Evêque nous a offert de belles méditations sur les vertus théologales : « L’heure est à la charité et nous invite à nous ouvrir à Dieu et à nos frères contre toute tentative de repli apeuré sur notre sécurité personnelle . .. L’heure est à l’Espérance : n’est-ce pas l’Esprit Saint qui suscite en chacun de nous ce qu’il a de meilleur pour que, malgré l’épreuve et les inquiétudes, le Royaume de Dieu se construise dans une fraternité plus forte que tout ce qui cherche à l’anéantir ? … L’heure est à la Foi : la pandémie vient interroger la mondialisation, notre modèle économique, la manière dont nous vivons en société, et dont nous, les Catholiques, témoignons de notre Foi. Nous nous pensions tout puissants…Un virus renverse nos certitudes et nous rappelle notre fragilité et notre finitude.»(2)

Sans lieux de rassemblements (11 dimanches sans messes en paroisse), beaucoup de chrétiens découvrent la notion d’Eglise domestique qui vise à donner des ressources, à nourrir la vie chrétienne au niveau de la famille. Soulignons ici les efforts des publications catholiques, de RCF, KTO, d’innombrables mouvements d’Eglise. Notre diocèse, les Sanctuaires de Lourdes, Foyers de Charité … ont publié des neuvaines. Remercions chaleureusement notre Curé qui a mis en ligne dès le 15 mars ses homélies sur ce blog. Dans celle du 3 mai, il nous transmet l’appel à la conversion de Saint Pierre ; face au Bon Pasteur, il nous invite à nous poser ces questions : « avec qui allons-nous avancer ? Ma vocation, quelle est-elle ? Comment répondre aux promesses de mon Baptême ? Quel appel le Seigneur

m’adresse –t –Il personnellement ? Comment apporter mes talents, donnés par le Seigneur, à l’Eglise et à me frères ? » La situation que nous vivons est l’occasion de redécouvrir que l’Eucharistie est célébrée pour la multitude qui n’est pas seulement l’assemblée présente physiquement, ou même l’ensemble des Chrétiens, mais l’humanité toute entière.
Chacun de nous garde vivante cette image du Pape François, seul , face à la Place Saint Pierre battue par la pluie au soir du 27 mars . «Le Seigneur nous exhorte à retrouver la vie qui nous attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à reconnaître et stimuler la Grâce qui nous habite . .. De cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, que descende sur vous, comme une étreinte consolante, la Bénédiction de Dieu ! »
Pour conclure, méditons ces mots de François prononcés le dimanche de la Divine Miséricorde : «Nous nous découvrons précieux dans nos fragilités. Nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si comme le cristal, nous sommes transparents devant le Seigneur, Sa Lumière, la lumière de la Miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde. C’est pourquoi il nous faut exulter de joie, même si nous devons être affligés un peu de temps encore, par toutes sortes d’ épreuves ! (3)

- Gaudium et Spes , 7 décembre 1965 4.1 et 11.1
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